Culture de la vitesse, Apologie de la lenteur....
Le VTT est un sport "récent". Apparu il y a un peu plus de 40 ans, le VTT a énormément évolué au fil des années. Cette évolution est en grande partie venue des avancées techniques concernant le matériel et de la capacité des pilotes à repousser les limites mais aussi souvent par effet de mode, de style voir même de marketing.
Depuis quelques années c’est la vitesse qui prime le plus face à tous les autres caractères qui font le VTT moderne. Pas sûr que ce soit une bonne chose et que ça serve au mieux notre sport, en particulier quand on cherche à transposer les sensations atteintes en bikepark ou en course sur des parcours qui nous confrontent aux autres usagers de la forêt.
Culture de la vitesse...
Pour les compétiteurs, forcément, la vitesse est la clé. Cependant au fil des années la vitesse s’est imposée comme un élément caractéristique de notre sport. La majorité souhaite rouler toujours plus vite. C’est même un phénomène sociétal finalement, tout emmène toujours à essayer de gagner du temps, consommer plus vite ou juste plus pour finalement se comparer aux autres et progresser dans l’échelle sociale de la vitesse...
Il suffit de voir le succès de Strava et autres home trainers connectés ! Même en faisant du sur-place on cherche à aller plus vite que les autres 😅
C’est sûr que la vitesse est grisante et beaucoup de parcours se retrouvent modifiés dans le but d’en avoir toujours plus. On optimise les appuis, on lisse le terrain, quand les difficultés sont trop élevées ou sont trop lentes on les coupe, on les contourne, on élargit les trajectoires (épingles, passages techniques...). Quand c’est le choix d’un bikepark ça les regarde, mais quand il s’agit de sentiers ouverts à tous (tous types de randonneurs et autres) c’est une autre histoire...
A beaucoup d’endroits les tracés "sauvages" se multiplient et sont aussi bien souvent "shapés" de façon à optimiser la vitesse. Ça saute, ça va vite, d’une certaine manière c’est facile et agréable mais c’est peut être pas le meilleur choix pour faire accepter ces tracés illégaux.
On peut facilement se réfugier derrière un impact moindre que celui de la moto d’enduro ou que les 4x4 de chasseurs, mais d’une part le VTT est tout sauf un sport non polluant (matériaux utilisés, obsolescence venant du marketing ou des compatibilités, pneus, plaquettes, moteurs, batteries....) et on a facilement tendance à être vu comme aussi nuisibles que les motorisés (j’entends thermiques) avec ceci en plus qu’on l’est de façon fourbe car on ne nous entend pas arriver.
Apologie de la lenteur ?...
Mais après tout en quoi est-ce que la vitesse à tout prix est un problème ?
Le problème c’est l’image qu’on véhicule.
Dans un bikepark, le spot est dédié à ça, les autres utilisateurs (piétons) n’ont rien à y faire, en tous cas ils n’y sont pas invités.
Mais en dehors nous devons partager l’espace avec les autres usagers. La culture de la vitesse dans le vélo nous met à une place qui pourrait être pire que celle qu’occupe la moto à l’heure actuelle, non seulement on arrive aussi vite dans un sentier, mais en plus on le fait silencieusement. Côté piéton c’est sûrement bien plus surprenant, ça fait peur et c’est très énervant (en plus d’être dangereux). Dans ces conditions la cohabitation est quasi impossible et le combat perdu d’avance. Il suffit de voir tous les projets d’interdictions pour le comprendre.
Pourtant la vitesse n’est pas le seul vecteur de plaisir sur un VTT. Le travail technique, les parcours lents et biscornus, les placements, les franchissements (en descente et en montée)... Dans bien des situations la lenteur est plaisante et parfois synonyme de maîtrise. Prendre le temps de rouler correctement une courbe qui ferme, de passer proprement une épingle, travailler le nose turn, la beauté du geste...
Je suis convaincu que ce n’est pas forcément en voulant rouler vite à tout prix qu’on progresse le plus. Répéter les erreurs n’apporte que rarement des solutions et insister seulement sur la vitesse n’apportera pas forcément fluidité et technicité. A l’inverse si on roule de façon à bosser sa fluidité et ses gestes techniques il arrivera forcément un moment où on aura de la vitesse. La bonne section de trail, le bon feeling, (et pas de piéton à l’horizon...😅) ...
Le marketing de la majorité des fabricants vend de la vitesse et sur le long terme c’est peut être se mettre "une balle dans le pied"... Si on nous interdit petit à petit l’accès à la nature on aura vite fait de ne plus changer de vélo...
De plus dans le cas où en essayant de rouler vite à tout prix on n’arrive pas à améliorer sa maîtrise, donc à augmenter ses performances et son plaisir, on finira forcément par accumuler plus de frustration que d’expérience...